Cette plante invasive de 2 à 3m de haut aux belles fleurs blanches pousse partout dans la vallée: sur les berges de l’Arve (à Argentière notamment), sur les bords de route, sur les talus, au Bois du Bouchet, dans les propriétés privées. Dans son bulletin de Juillet 2011, le CREA de Chamonix y consacrait un excellent article.
Mois après mois, de nouvelles implantations apparaissent. La renouée, par ses toxines, tue toutes les autres plantes autour d’elle. Elle impose sa domination absolue, elle empêche l’accès aux rives de l’Arve. Ses racines s’enfoncent à 2m de profondeur, et s’étalent sur 7m de diamètre pour un seul plant. Elle se reproduit, même sans graines, avec une facilité et une rapidité stupéfiantes. Le moindre petit fragment de tige peut faire naitre un nouveau plant. La plante craint le gel, mais ses racines s’en moquent! Elle redémarre de plus belle au printemps. En Europe, au Canada, son invasion est un drame horticole.
Comment s’en débarrasser ? Rien de plus difficile. L’usage des herbicides est illusoire, toxique et beaucoup trop coûteux, comte tenu des vastes surfaces à traiter (il faudrait injecter du produit dans chaque tige...).
Il y a quelques années, j’en ai détecté un nouvel îlot au milieu du champ du Savoy. Les deux fauchages annuels de ce champ n’ont pas empêché l’extension rapide de la tache. Aussi, depuis trois ans, j’ai entrepris de couper les tiges à ras tous les mois de la belle saison, de mai à octobre, chaque fois que le plant atteint 20 à 30 cm de hauteur. Et enfin, en 2011, je constate un affaiblissement de la colonie qui ne s’étend plus et perd beaucoup de vigueur. Le rhizome s’épuise. Mais il faudra que je continue à couper les tiges pendant plusieurs années encore avant la disparition complète de l’implantation.
A la lumière de cette expérience, il faut se rendre à l’évidence : la commune doit lancer un plan ambitieux d’éradication, en commençant par les implantations les plus récentes et encore réduites. Les couper tous les mois, et mieux encore extraire les racines. Transporter avec précaution racines, tiges et feuilles vers l’incinérateur. Planter aussitôt sur l’emplacement des arbres feuillus, aulnes, saules, bouleaux etc... dont l’ombre gênera la repousse de la renouée. Parallèlement, il faut diffuser une large information auprès des particuliers, qui doivent aussi contribuer à la lutte contre la plante. Tout cela demande un budget considérable, car il va falloir que des équipes spécialisées se consacrent tout l’été à cette unique travail, tant l’entreprise est immense sur tout le territoire de la commune, surtout s’il faut procéder à six fauchages par saison des centaines de colonies répertoriées. La municipalité aura-t-elle le courage et la volonté, au vote du budget 2012, d’inscrire , au détriment d’autres dépenses, les centaines de milliers d’euros nécessaires ? Faute de quoi l’extension de la plante se poursuivra jour après jour, au détriment de notre paysage et de notre biodiversité.