Ce
jeudi 8 décembre, en suite au rassemblement de Chedde de
l'avant-veille, et au lendemain de l'énorme manifestation de
Sallanches contre la pollution, les chamoniards ont à leur tour
décidé de manifester leur inquiétude et leur mécontentement à
l'occasion de la visite du préfet, venu à Chamonix à la rencontre
des maires de la communauté de communes pour discuter du volet
"transports" du futur P.P.A. N° 2.
Une
foule dense de plusieurs centaines de personnes s'est dirigée vers
l'E.M.D.I. où devait avoir lieu la réunion avec le préfet. Mais la
gendarmerie avait établi un solide barrage au bas de l'avenue de
l'aiguille du Midi, à l'entrée de la rue du Lyret. Les manifestants
étaient assez énervés de se voir ainsi interdire l'accès à
l'école de musique et après un face à face tendu avec les
gendarmes, et sous la poussée du nombre, le barrage a été forcé
malgré quelques échanges musclés.
Les
chamoniards ont pu ainsi s'engouffrer dans la rue du Lyret jusqu'à
l'E.M.D.I. devant laquelle un second barrage de forces de l'ordre
beaucoup plus important avait été dressé. La préfecture avait
largement prévu l’affrontement, à la lumière de ce qui s'était
passé la veille à Sallanches, et elle avait prévu des forces
conséquentes.
Cris,
invectives, sifflements, sons de tambour fusèrent alors de toutes
parts en un tintamarre généralisé, traduisant bien l'exaspération
des habitants de notre vallée face à une pollution atmosphérique
intense et durable, sans que les pouvoirs publics ne semblent s'en
préoccuper.
Des
négociations furent alors engagées entre les maires, les
responsables associatifs de la vallée et les représentants de la
préfecture pour exiger d'être reçus par le préfet. Ce qu'il
accepta.
Une
petite délégation d'une bonne dizaine de personnes fut alors
rapidement constituée avec les présidents d'associations, des
parents d'élèves, des professeurs d'E.P.S. , deux médecins, de
jeunes sportifs, un guide.
Le
préfet Pierre Lambert nous a reçus dans une salle de l'E.M.D.I.
Pauvre
préfet! A peine débarqué en Haute Savoie - il est arrivé le 21
novembre - il se trouve confronté à une problématique nouvelle
pour lui, puisqu'il siégeait précédemment en Côtes d'Armor, un
département venté peu impacté par la pollution...
Néanmoins,
il a été chef de cabinet de Ségolène Royal, ministre de
l'environnement, donc il est supposé s'être familiarisé avec les
problèmes écologiques et le milieu associatif environnemental, si
actif dans notre région. C'est peut-être pour cette raison qu'il a
accepté de nous recevoir.
Il a
écouté avec patience l'intervention de chacun, le constat de la
pollution respirée par tous, enfants des écoles, jeunes sportifs à
l’entraînement, adultes, personnes âgées. Les médecins ont dit
la surfréquentation des cabinets médicaux pour des problèmes
respiratoires, les parents d'élèves s'inquiètent pour la santé de
leurs enfants, les professeurs d'E.P.S racontent la difficulté à
exercer leur métier tout simplement. Tous dénoncent un problème de
santé publique et demandent que des mesures urgentes soient prises.
On a
senti l'embarras du représentant de l'Etat. Il tente d'expliquer que
nous ne sommes pas les seuls à respirer cet air vicié. Toutes les
villes de la région sont touchées. Il n'est pas en son pouvoir,
nous dit-il, ni de réduire la circulation routière
transfrontalière, ni de diminuer l'activité économique d'une
région particulièrement dynamique, ni d'arrêter les incinérateurs.
Il
promet qu'il va faire installer des radars fixes, peut-être même
des radars tronçons, afin de mieux contrôler les vitesses,
notamment celle des camions, sur l'autoroute et la Route Blanche. Il
assure qu'il va entreprendre les démarches nécessaires pour que
l'autoroute ferroviaire alpine d'Aiton voie son trafic nettement
augmenter - on sait que cet équipement est notoirement
sous-exploité. La députée Sophie Dion nous certifie qu'il va
réduire de 30% l'activité de l'usine S.G. carbone de Chadde en
période de pollution...
Le
préfet annonce qu'il va prendre aujourd'hui 9 décembre une série
d'une dizaine de mesures concrètes.
Pendant
cette longue audience d'au moins une heure, les manifestants
persévérants patientaient dans le froid devant l'E.M.D.I et
tambourinaient aux fenêtres pour manifester leur impatience.
Attendons
de connaître les décisions préfectorales, avec un optimisme
mesuré...
Aujourd'hui
9 décembre, la Communauté de communes réceptionne les 10 voitures
électriques BMW fournies par le constructeur dans le cadre d'un
partenariat avantageux pour la collectivité.
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3 commentaires:
L’état et le département sont actionnaires de l'ATMB et chaque camion qui passe le tunnel ou les barrières de péages ramene des dividendes à la collectivité.... Une poule aux oeufs d'or on dit.
C'est cet argent qui nous tue doucement et les choses ne changeront jamais...alors qu'une ligne de feroutage entre Aiton et Turin existe déjà.
Je me désole aussi du peu d'implication des locaux et notamment des chamoniards de pure souche. On était encore bien trop peu ce jeudi soir pour exprimer notre raz le bol... Que faites vous, vous les locaux qui vivez de la montagne et êtes censés aimer ces sommets et ce cadre de vie?
En discutant avec des anciens on a presque l'impression que les camions font partie du paysage dorénavant...
Thierry
Je réponds à l'anonyme Thierry, bien qu'en principe je ne réponde pas aux anonymes.
Jeudi soir devant la maison de la Musique à Chamonix, nous étions tout de même 700 chamoniards, pas si mal comparés aux 1000 de Sallanches la veille!
Quid de l'usage du chauffage au bois, qui participe fortement à la pollution?
Ou en est on également du doublement de la fréquence des trains qui devraient contribuer à limiter les déplacements en voiture?
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