C’est en tous cas la proposition qu’ont lancée dès
l’édition des Piolets d’Or de 2011 les maires de Courmayeur et Chamonix
Fabrizzia Deriard et Eric Fournier.
Ils ont renouvelé ce souhait lors des éditions de 2012
et 2013.
Cela s’apparente avant tout à une opération politique
de communication alors que la demande de classement du massif du Mont-Blanc au patrimoine
mondial naturel et culturel de l’UNESCO, la Convention la plus connue de
l’organisation, souffre de quelques
difficultés et lenteurs.
L’inscription
de l’alpinisme leur permettrait d’obtenir à bon compte un label UNESCO, sans
grand effort. En effet, un classement au patrimoine immatériel n’exige, comme le terme d’
« immatériel » l’indique, contrairement au patrimoine mondial naturel
et culturel, aucune obligation de protection du territoire. Ce serait donc pour
les maires une solution de facilité et sans doute un gain de temps.
D’autre
part, l’appropriation de la démarche par les deux stations du Mont-Blanc et
leur massif ignorerait l’histoire de l’alpinisme dont les débuts se sont
inscrits dans l’arc alpin dans son ensemble. Les valeurs de l’alpinisme sont
devenues universelles.
Aux
côtés des deux mairies, c’est le GHM (Groupe de Haute Montagne, présidé par
l’alpiniste-himalayiste Christian Trommsdorff) qui est à l’origine de cette
initiative. Il s’appuie sur la Coordination Nationale Montagne.
Par
contre, les organisations environnementales Pro-Mont-Blanc, Mountain Wilderness, les clubs
alpins français, suisse, l’UIAA (Union Internationale des
Associations d’Alpinistes), à l’unanimité, expriment les plus grandes réserves
ou sont même défavorables à cette démarche car elle vient concurrencer l’inscription au Patrimoine mondial qui reste
pour tous un objectif majeur. Seul l’Alpine Club de Londres est favorable à
l’instruction parallèle des deux dossiers, à condition bien évidemment que
l’alpinisme ne soit pas cantonné au seul massif du Mont Blanc.
La
priorité pour les associations est dans un premier temps de faire aboutir un
Plan de Gestion structuré du massif qui apporte une réelle garantie de
protection au territoire.
A
titre personnel, je n’ai aucune raison philosophique de m’opposer à l’idée d’un
classement de l’alpinisme « en technique alpine » au patrimoine
immatériel. Je considère cette demande comme légitime.
L’alpinisme
véhicule des valeurs universelles fortes et je me reconnais pleinement dans
l’éthique de cette pratique défendue par le GHM, dont la volonté de préservation
de la montagne est incontestable.
Mais
l’initiative, pour avoir une chance d’aboutir, doit être soutenue par une forte communauté
alpine, donc par le milieu de la
montagne dans son ensemble, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, et pas
seulement par un petit groupe.
Elle
ne doit pas être une opération de marketing politique. Par ailleurs elle ne
doit entraver en aucun cas l’instruction du dossier d’inscription au Patrimoine
Mondial, la seule qui puisse par ses exigences apporter une vraie garantie de protection
de notre territoire aujourd’hui si fragilisé.
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