mercredi 10 avril 2013

« L’alpinisme » a-t-il une chance d’être inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO ?


C’est en tous cas la proposition qu’ont lancée dès l’édition des Piolets d’Or de 2011 les maires de Courmayeur et Chamonix Fabrizzia Deriard et Eric Fournier.
Ils ont renouvelé ce souhait lors des éditions de 2012 et 2013.
Cela s’apparente avant tout à une opération politique de communication alors que la demande de classement du massif du Mont-Blanc au  patrimoine mondial naturel et culturel de l’UNESCO, la Convention la plus connue de l’organisation,  souffre de quelques difficultés et lenteurs.

L’inscription de l’alpinisme leur permettrait d’obtenir à bon compte un label UNESCO, sans grand effort. En effet, un classement au patrimoine immatériel  n’exige, comme le terme d’ « immatériel » l’indique, contrairement au patrimoine mondial naturel et culturel, aucune obligation de protection du territoire. Ce serait donc pour les maires une solution de facilité et sans doute un gain de temps.
D’autre part, l’appropriation de la démarche par les deux stations du Mont-Blanc et leur massif ignorerait l’histoire de l’alpinisme dont les débuts se sont inscrits dans l’arc alpin dans son ensemble. Les valeurs de l’alpinisme sont devenues universelles.
Aux côtés des deux mairies, c’est le GHM (Groupe de Haute Montagne, présidé par l’alpiniste-himalayiste Christian Trommsdorff) qui est à l’origine de cette initiative. Il s’appuie sur la Coordination Nationale Montagne.
Par contre, les organisations environnementales  Pro-Mont-Blanc, Mountain Wilderness, les clubs alpins français, suisse, l’UIAA (Union Internationale des Associations d’Alpinistes), à l’unanimité, expriment les plus grandes réserves ou sont même défavorables à cette démarche car elle vient concurrencer  l’inscription au Patrimoine mondial qui reste pour tous un objectif majeur. Seul l’Alpine Club de Londres est favorable à l’instruction parallèle des deux dossiers, à condition bien évidemment que l’alpinisme ne soit pas cantonné au seul massif du Mont Blanc.
La priorité pour les associations est dans un premier temps de faire aboutir un Plan de Gestion structuré du massif qui apporte une réelle garantie de protection au territoire.
A titre personnel, je n’ai aucune raison philosophique de m’opposer à l’idée d’un classement de l’alpinisme « en technique alpine » au patrimoine immatériel. Je considère cette demande comme légitime.
L’alpinisme véhicule des valeurs universelles fortes et je me reconnais pleinement dans l’éthique de cette pratique défendue par le GHM, dont la volonté de préservation de la montagne est incontestable.

Mais l’initiative, pour avoir une chance d’aboutir,  doit être soutenue par une forte communauté alpine, donc par le  milieu de la montagne dans son ensemble, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, et pas seulement  par un petit groupe.
Elle ne doit pas être une opération de marketing politique. Par ailleurs elle ne doit entraver en aucun cas l’instruction du dossier d’inscription au Patrimoine Mondial, la seule qui puisse par ses exigences apporter une vraie garantie de protection de notre territoire aujourd’hui si fragilisé.

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