La commission a visité les sites olympiques des trois villes candidates en février et mars 2011.
A la suite de quoi, elle a rédigé un rapport de 119 pages qui souligne les points forts et les faiblesses de chaque dossier.
Dans son introduction, la commission souligne que le savoir-faire et les compétences mis à disposition des villes par le CIO se vérifient dans les projets présentés par les villes candidates 2018, lesquels sont tous d'un niveau extrêmement haut.
La commission estime que les villes candidates pourraient toutes trois accueillir les Jeux Olympiques d'hiver en 2018, chaque ville offrant un concept et une vision qui lui sont propres.
Néanmoins, des réserves et observations ont été émises par la commission pour chacune des trois candidatures
(Extraits exhaustifs)
1 – MUNICH 6 points relevés
*La stratégie de communication décrite dans le dossier de candidature mériterait d'être dynamisée.
*Le budget comprend une somme plutôt faible pour les programmes culturels (USD 3,4 millions).
*Une certaine opposition à la candidature se manifeste au niveau local. Quelques propriétaires terriens à Garmisch-Partenkirchen ne veulent pas céder certaines parcelles de terrain nécessaires aux Jeux. Une parcelle est située sur l'aire de compétition du site de ski alpin de vitesse. Munich 2018 s'est déclaré confiant quant au fait qu'une solution appropriée serait trouvée.
*Les plans présentés à la commission pour le village olympique de Munich étaient provisoires et manquaient de détails.
*A Garmisch-Partenkirchen, le bruit pourrait constituer un enjeu, une ligne ferroviaire s'étendant le long du périmètre du village, mais le comité de candidature a indiqué que les plans de construction intégreraient des mesures antibruit.
*La commission estime que certains travaux d’amélioration de l’infrastructure électrique pourraient s’avérer nécessaires sur le site nordique temporaire, travaux dont il conviendrait de garantir le financement.
2 – ANNECY 27 points relevés
*Le site du ski acrobatique et du snowboard à 15 km d'Annecy par une route de montagne raide à deux voies (plateau du Semnoz - 1 480 m d’altitude) nécessiterait un temps de trajet de 40 minutes depuis le village olympique d'Annecy.
*Le site du bobsleigh, du skeleton et de la luge à La Plagne (1 680m d’altitude) se situe à 150 km d’Annecy par une autoroute à quatre voies et des routes à deux voies.
*Les temps de trajet de chaque groupe de clients dépendraient en réalité de la complexité d'un système de transport spécifique pour les groupes de clients et du point de départ (y compris Genève et Aix-les-Bains) et d'arrivée de chaque trajet. Le système de transport des médias serait le plus complexe et le plus susceptible d'être affecté. Les CNO pourraient également rencontrer des difficultés d'ordre opérationnel en raison du nombre de villages olympiques et de leur répartition géographique.
*Le budget total pour la communication et la promotion des Jeux apparaît peu élevé. Une communication efficace sur les avantages et l'héritage sur les plans régional et local d'une édition des Jeux serait nécessaire pour accroître et renforcer le soutien de la communauté en faveur de ces Jeux.
*Peu de détails ont été donnés quant à la manière de mettre en œuvre la plateforme pédagogique servant à promouvoir l'Olympisme. L'objectif qui consiste à mettre sur pied un programme d'éducaion olympique à travers toute la France devrait quant à lui être développé davantage.
*Les bords du lac offriraient un décor des plus impressionnants et des possibilités intéressantes pour les cérémonies, même si l'espace disponible pourrait représenter quelques enjeux en termes de logistique, en particulier liés au mouvement des athlètes, aux entrées réservées et aux besoins des médias.
*Même si plusieurs initiatives ont été amplement décrites, et certains thèmes culturels clairement identifiés, relativement peu de détails ont été fournis en ce qui concerne les activités culturelles et les activités organisées en ville. Si Annecy se voyait décerner les Jeux, une attention particulière devrait être portée assez tôt sur ces domaines afin de mettre sur pied des programmes concrets et intégrés et veiller à ce que la vision du comité de candidature s'agissant des activités culturelles, éducatives et organisées en ville puisse être concrétisée.
*Sur les 8 % des terrains n’appartenant pas au Comité Annecy 2018, l'essentiel concerne le centre de patinage et le stade de ski alpin. Le cas échéant, une procédure d'expropriation pourrait être utilisée pour limiter les risques si une solution à l'amiable n'était pas trouvée. Le comité de candidature a expliqué que dans le pire scénario imaginable, cette procédure pourrait prendre jusqu'à deux ans. Si tel devait être le cas, cela pourrait représenter un risque en termes de délais de construction.
*En raison des contraintes du site et des accès au site s'agissant des épreuves de vitesse en ski alpin et ski nordique, Annecy 2018 devrait faire très attention à la conception des sites afin d'être en mesure de livrer les sites tel que proposé.
*Le bruit pourrait constituer un enjeu car les résidences du village olympique d’Annecy seraient situées à 300-500 m de l'autoroute, mais le comité de candidature a indiqué que les plans de construction intégreraient des mesures antibruit.
*Le terrain prévu pour le village d'Annecy est en cours d'acquisition par l'agglomération d'Annecy, avec d'ores et déjà 74 % garantis à ce jour. Il reste toutefois un risque pour les 26 % restants, mais ce dernier est minimisé grâce aux procédures d'acquisition des terrains en France et au fait que les terrains sont déjà dans la zone prévue à cet effet.
*Un risque demeure pour les 16 % de terrains non acquis pour le village de Saint-Jean-de-Sixt. Ici encore, ce risque est limité par les procédures d'acquisition des terrains et le fait que le terrain est déjà dans la zone prévue à cet effet.
*Les quatre villages olympiques seraient relativement dispersés. En conséquence, les CNO seraient confrontés à des défis, notamment en termes d'opérations et de transport.
*Durant la visite de la commission, le comité de candidature a confirmé que la famille olympique serait logée dans neuf hôtels de trois à cinq étoiles (contrairement aux 14 hôtels mentionnés dans le dossier de candidature), offrant 974 chambres dans un rayon de 5 km autour du centre d’Annecy. Ce nouveau plan dépendrait de la construction d’un hôtel d’une capacité de 200 chambres.
*Le plan d’hébergement des Jeux repose sur la mise à disposition de chambres dans les diverses zones des Jeux. Les quelque 25 500 chambres garanties sont donc situées dans 533 installations d’hébergement en France et à Genève (Suisse). La dispersion des logements et le nombre d’établissements que cela implique entraîneraient des difficultés sur les plans opérationnel et financier pour les divers groupes de clients.
*Les autorités de transport françaises et italiennes étudient actuellement comment dévier la circulation des poids lourds de l’autoroute Paris-Lyon-Genève–Chamonix et du tunnel du Mont-Blanc vers d’autres autoroutes transalpines durant la période des Jeux. Un accord formel a été signé mais les mesures opérationnelles doivent encore être examinées.
*Le groupe de clients qui rencontrerait le plus de difficultés serait les médias en raison de la dispersion et du nombre élevé d’hébergements dans tout le secteur, des centres des médias à Annecy et Chamonix, et de la distance entre les zones et les sites olympiques. Dans certains cas, un seul trajet prendrait plus d’une heure.
*Le budget des opérations de transport d’Annecy 2018 s’élève à USD 77 millions. Celui-ci semble peu élevé si l’on tient compte du coût des nombreux transports publics gratuits pour les spectateurs et la main-d’oeuvre et de la complexité de l’offre de services de transport adéquats vers les hébergements des médias dans toute la région olympique.
*Les sites de Semnoz, La Clusaz/Le Grand Bornand et Chamonix-Les Houches posent un problème de transport majeur en raison de leur accès très limité qui risque d’avoir un impact sur les capacités des sites indiquées dans le dossier de candidature.
*Etant donné le concept relativement dispersé des Jeux, les temps de trajet entre les zones des Jeux pour certains groupes de clients risqueraient d’être longs.
*Compte tenu du grand nombre d'installations d'hébergement prévues (plus de 200) et de leur dispersion sur le plan géographique, une planification rigoureuse des opérations et des déplacements serait nécessaire pour garantir des temps de trajet satisfaisants aux représentants des médias qui se déplaceraient dans la région olympique.
*Le déboisement de 18 hectares de forêts à des fins de construction ou d'aménagement des sites serait compensé par des reboisements ou la remise en état de forêts sur une même superficie au moins.
*L'installation de nouveaux équipements électriques et de dispositifs d'enneigement artificiel sur le plateau du Semnoz (site du ski acrobatique et du snowboard) pourrait avoir un impact sur l'environnement, mais le comité de candidature a précisé que toute l'infrastructure prévue pour les Jeux dans la région serait temporaire et que le site retrouverait son état d'origine une fois la manifestation olympique terminée.
*Il est probable que la menace terroriste persiste en Europe dans un avenir proche. Annecy et la Haute-Savoie peuvent être considérées comme un environnement sûr, présentant peu de risques.
*Les représentants de la commission ont reçu un groupe d’opposants à la candidature pour prendre connaissance de leurs préoccupations essentiellement liées au chômage, aux questions sociales et environnementales.
*Le site de ski alpin paralympique à La Clusaz aurait besoin d’être développé. Il y a un risque associé à ce site en ce qui concerne l’espace à la zone d’arrivée. La différence d’altitude entre Annecy et La Clusaz/Le Grand Bornand pourrait poser problème aux athlètes qui concourront dans les épreuves nordiques.
*Les forces de sécurité suisses et françaises auront à collaborer des deux côtés de la frontière. Cela étant, pour ce qui est d'une édition des Jeux à Annecy en 2018, la répartition des coûts devrait encore être définie. Les chiffres ne figurent pas dans les budgets fournis, ce qui pourrait présenter un certain risque pour le budget des Jeux.
A noter que la problématique des temps de transport et de la dispersion de l’hébergement fait l’objet d’observations répétées.
3 – PYEONGCHANG
9 points relevés
*Les cérémonies d'ouverture et de clôture se dérouleraient sur le site du saut à ski. La commission estime que le travail doit se poursuivre quant à la conception du site pour les cérémonies, car en l'état, ce dernier pose quelques difficultés d'ordre opérationnel et logistique. Si le comité de candidature a proposé de réduire la capacité d'accueil du site, en la faisant passer de 60 000 à 50 000 places lors de la visite de la commission, une planification approfondie serait nécessaire.
*Le budget combiné des cérémonies d'ouverture et de clôture, d'un montant de USD 35 millions, apparaît peu élevé.
*La commission a estimé que sur certains sites, en particulier les sites pour les épreuves de vitesse et les épreuves techniques en ski alpin respectivement à Jungbong et YongPyong, il pourrait s'avérer difficile d'atteindre le nombre de spectateurs tel que présenté dans le dossier de candidature en raison de contraintes liées aux accès (transport).
*La commission pense qu’un plus grand nombre de chambres devraient être réservées à Alpensia (site principal).
*La nouvelle section de la ligne ferroviaire TGV traversera une zone montagneuse et s’il ne s’avère pas possible de terminer tous les travaux d’ici à la fin 2017, l’efficacité du plan de transport des spectateurs pourrait être réduite.
*Les sites pour les épreuves techniques et de vitesse en ski alpin, ainsi que le site des cérémonies d’ouverture et de clôture, pourraient poser des difficultés d’accès.
*Le comité de candidature a indiqué que 94 hectares de forêts, dont 63 hectares pour le site du ski alpin à Jungbong, seraient déboisés pour permettre la construction de nouvelles installations. Des arbres seraient replantés à titre de mesures compensatoires sur un terrain deux fois plus étendu que la zone déboisée.
*Durant sa visite, la commission de coordination a soulevé la question des récentes tensions entre les Corées du Nord et du Sud. Le comité de candidature a expliqué que des tensions existent dans la péninsule coréenne depuis 60 ans et que durant cette période, la Corée du Sud a accueilli, sans déplorer d'incidents, de nombreux grands événements internationaux, parmi lesquels les Jeux Olympiques de 1988, les Jeux Asiatiques de 2002 à Busan, la Coupe du monde de football de 2002 et le Sommet du G20 en 2010. Le comité a par ailleurs ajouté que le sport avait favorisé par le passé le rapprochement des deux Corées lors de compétitions internationales.
*Budget : La commission juge la réserve pour parer aux imprévus peu élevée mais estime que les risques financiers seraient atténués par les engagements du gouvernement.
Sondages
Le CIO a fait procéder dans les trois pays à des sondages d’opinion destinés à apprécier le niveau de soutien de la population au projet Olympique d’hiver 2018.
La Corée détient le record absolu avec un pourcentage d’opinions favorables de 92% à Pyeongchang, de 87% dans la province de Gangwon et de 87% au niveau national.
Vient ensuite l’Allemagne avec 60% d’opinions favorables à Munich, 53% en Bavière et 56% au niveau national.
La ville d’Annecy tient la lanterne rouge avec seulement 51% d’opinions favorables, 63% pour Rhône Alpes (mieux que la Bavière) et 62% au niveau national (mieux que l’Allemagne).
Si l’adhésion des populations locales est un critère dont tient compte le CIO, Annecy est la plus mal placée.
Conclusions
6 points faibles relevés pour Garmisch, 9 pour Pyeongchang et 27 pour Annecy, l’affaire semble entendue, la Haute Savoie n’aurait aucune chance, d’autant plus que les observations relevées sur son dossier sont les plus sévères et concernent des chapitres essentiels (transport et hébergement). Munich semble la mieux placée. Nous pouvons commencer à respirer...
Prochaine étape : mercredi 18 mai à Lausanne les trois villes candidates passeront leur « grand oral » devant les membres du CIO et défendront leur dossier.
Pour lire l’intégrité du rapport, consulter le site du Comité anti-olympique d’Annecy www.comiteantiolympiqueannecy.com/ rubrique « Rapport du CIO ».
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2 commentaires:
C'est bizarre, vous n'avez rien oublié pour Annecy, et même signalé des "points" qui ne semblent pas si négatifs : "Il est probable que la menace terroriste persiste en Europe dans un avenir proche (Au fait, Munich, c'est pas en Europe aussi ?). Annecy et la Haute-Savoie peuvent être considérées comme un environnement sûr, présentant peu de risques."
En revanche,les "points faibles" de la candidature allemande, vous les avez survolés. En voici 8 nouveaux, après une lecture peut-être "moins partisane" que la vôtre :
1/Les temps de trajet prévus pour chaque groupe de clients dépendraient en réalité de la complexité d'un système de transport spécifique pour les groupes de clients et du point de départ et d'arrivée de chaque trajet.
2/ D'autres parcelles pour certains sites de Garmisch-Partenkirchen doivent encore être acquises, notamment celles où seraient installés les aires logistiques et les aménagements olympiques. Si ces parcelles ne pouvaient être acquises, des alternatives réalisables devraient être trouvées.
3/ Munich 2018 devrait concevoir et gérer avec soin les aires d'arrivée/tribunes spectateurs, les aires logistiques ainsi que leurs horaires d'utilisation pendant les Jeux dans ces zones aménagées et restreintes.
4/L’utilisation d’un grand nombre de chambres provisoires pour l’hébergement des médias est conforme à la vision générale des Jeux et permettrait aux représentants des médias d’être logés à proximité de leur lieu de travail, mais étant donné le nombre élevé d’hébergements que cela représente, cela pourrait présenter un risque sur le plan financier ainsi que pour la livraison des villages.
5/ Les tarifs maximums des hôtels pour les “autres groupes de clients” sont toutefois plutôt élevés.
6/ Au niveau fédéral et régional, le parti des Verts a fait part de ses réserves.
7/ Le budget reflète la structure d’un futur COJO bénéficiant de relations étroites avec les propriétaires des sites de compétition et autres sites qui seraient également partenaires et associés dudit COJO. Si ce soutien ne devait pas se concrétiser, les coûts imputables au COJO augmenteraient.
8/ La commission relève que si les associés ne parvenaient pas à prendre rapidement une résolution en cas de déficit annoncé, les préparatifs et la réalisation des Jeux pourraient en être affectés.
Bravo pour votre perspicacité.
Votre commentaire enrichit et complète utilement mon article.
E.L.
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