jeudi 17 janvier 2013

La municipalité s’inquiète-telle de l’état de notre forêt ?

Article rédigé en collaboration avec mon colistier Pascal Payot.
A paraitre dans le Bulletin municipal de janvier 2013.
Les forêts de la vallée, communales ou privées, ont payé un lourd tribu à la tempête du 29 avril 2012. Les conséquences de ce cataclysme  sont l’occasion de se poser un certain nombre de questions sur la gestion de ce patrimoine naturel.
Des milliers d’arbres sont tombés, certaines zones ont été entièrement rasées, à l’exemple de la forêt privée du secteur de Blaitière. Celle-ci venait d’être exploitée en 2011 et 2012 dans le cadre d’une  opération  novatrice, la première du genre.
Organisée par une Coopérative forestière, cette coupe, qui devait être un exemple de gestion forestière, a subi de plein fouet la tempête, au même titre d'ailleurs que certains autres secteurs exploités par l'ONF. Les tranchées ouvertes ces deux dernières années pour l’exploitation ont laissé sans défenses  les arbres situés en bordure. Il faut entre 5 et 10 ans après une coupe pour que ces arbres fragilisés se renforcent et retrouvent une certaine résistance face aux aléas climatiques. La tempête a eu raison d’eux.
il en résulte aujourd'hui de vastes zones déboisées dont l’avenir mérite une réflexion approfondie, de la part de l’ONF, des propriétaires et des élus.
A Blaitière ou ailleurs, l’évacuation incomplète des bois cassés expose la forêt à une attaque généralisée du bostryche qui pourra s’étendre aux espaces boisés environnants. On a déjà connu par le passé des dévastations causées par ce coléoptère et il aurait fallut cette année s’en protéger efficacement en évacuant très rapidement les résidus.
Mais l'été est arrivé et ce travail n'était manifestement plus une priorité.
Il faut dire que la tâche était immense et les moyens insuffisants. Le bostryche est arrivé, il a pondu dans les bois morts. Les générations futures se sont envolées de leurs nurseries pour passer l'hiver sous l'écorce d'autres arbres en attendant patiemment les conditions favorables du printemps. Souhaitons que l'hiver soit rigoureux (ce qui n'est pas le cas actuellement) pour que bon nombre de larves meurent durant leur sommeil ! SINON .......
Même si le foehn peut s’attaquer à des forêts saines, c’est surtout lorsque les futaies ne sont pas entretenues régulièrement, ce qui est le cas dans la vallée de Chamonix, qu’il cause des dégâts.
A l'heure actuelle, un arbre sur trois est de trop. Il n'y a plus de régénération, donc plus de relève immédiate lorsqu'un arbre meurt (coupe, accident.....). La forêt dégradée  ne joue plus, ou mal, son rôle de protection sur certains secteurs avalancheux ou exposés aux chutes de blocs. Nos forêts monospécifiques d’épicéas souffrent d’une  perte de diversité biologique.
Faut-il replanter ces zones dévastées ou laisser se faire une régénération naturelle ? L’expérience prouve que les  replantations d’essences moins sensibles au vent (mélèzes, pins, feuillus) n'ont jamais bien poussé.
Toutes ces jeunes plants sont, à l'heure actuelle, malmenés par la grande faune qui s’en régale, et par le ski hors piste dans ces nouvelles trouées, d’où un retard à une revégétalisation efficace. Des solutions existent mais elles sont coûteuses (grillages, protection des plants).
Quelle méthode d’exploitation faut-il envisager à l’avenir ? Le câble, la route forestière ou l’hélicoptère ? Quelle doit être la  fréquence  des coupes ? Que faire des bois coupés ? La commercialisation est-elle rentable ?
Comment traite-t-on les propriétés privées ? (identification, information, coopération forestière, etc......).
Un risque d’avalanches n’est-il pas apparu sur ces zones dénudées très raides, et comment s’en protéger ?
La commune doit répondre à ces questions et jouer son rôle dans ces domaines, dans l'intérêt de tous.
L’ONF envisage un plan d’action sur 10 ans et voudrait bien discuter du sujet  avec les élus. Mais seuls 2 élus sur 23 de la majorité ont  assisté à la commission municipale « forêt » du 11 octobre 2012, ainsi qu’un élu de l’opposition. Les présents ont convenu qu'il fallait se revoir en forêt pour parfaire l’observation et aborder les problèmes concrets.
Mais quand l’ONF a organisé une réunion sur le terrain le 23 octobre dernier, seul l’élu d’opposition s’est déplacé... La majorité actuelle se préoccupe-t-elle vraiment de notre forêt?


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