mardi 21 août 2012

Que veut-on inscrire au patrimoine mondial de l’humanité ? Le Mont Blanc, ou l’alpinisme ?


Il y a plus de dix ans que le collectif  d’associations de  protection de la montagne  ProMONT-BLANC travaille à l’inscription du massif du Mont Blanc au patrimoine mondial de l’UNESCO .
Même si cette  candidature rencontre un certain nombre de résistances,  la France et l’Italie ont déjà inscrit le massif sur leur liste indicative nationale respective (en tant que bien mixte naturel et culturel pour la France et en tant que site naturel pour l’Italie), ce qui témoigne d’une volonté des états  d’appuyer la demande. Il est vrai qu’une démarche parallèle et unanime de la Suisse, de l’Italie et de la France  faciliterait la progression du dossier. De même que toutes les communes concernées devraient parler d’une même voix, alors que la commune de Saint Gervais, ou plutôt son maire Jean Marc Peillex, s’oppose à cette candidature, prônant plutôt un classement en « Grand Site ».

Bien conscient de ces blocages,  les maires de Courmayeur Fabrizia Derriard et de Chamonix  Eric Fournier  ont lancé, en diversion, lors des  Piolets d’or 2011 et à nouveau lors de l’édition 2012, une nouvelle démarche, la demande d’inscription de l’Alpinisme au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité. C’est une belle opération de communication pour nos deux communes, mais qui jette le trouble au sein des associations regroupées derrière le collectif ProMONT-BLANC.  

Ce nouveau label, qui dépend d’une  convention distincte à l’UNESCO,  ne comprend aucune obligation contraignante sur l’environnement de la part des collectivités. Cette candidature vient concurrencer  l’instruction en cours pour l’inscription du site au Patrimoine Mondial. Nous craignons que  le devoir de protection du massif, souhaité par les associations et prôné par les municipalités,  soit éludé faute d’obligation. Le Plan de Gestion en gestation ne sera plus une nécessité, et n’aura plus de raison d’être mené à son aboutissement. Nous  nous inquiétons  de l’absence  de retombées au profit du  territoire si cette inscription au Patrimoine Culturel Immatériel  était obtenue. Restrictive, elle ne servirait pas l’intérêt général.

Rien n’est encore fait. A l’UNESCO, aucun dossier n’est encore arrivé pour l’inscription de l’Alpinisme. Il faudrait d’abord que  l’Italie et la France se mettent d’accord pour présenter l’une et l’autre en priorité l’alpinisme au patrimoine immatériel. L’UNESCO n’examine qu’une seule candidature par an et par pays. Or, pour chacun des deux pays, les candidatures à ce patrimoine immatériel  sont très nombreuses, et chacune a ses soutiens actifs, notamment parmi le personnel politique.  Bon courage Madame le Maire et Monsieur le Maire !

ProMONT-BLANCsuggère, à juste titre, que l’alpinisme, riche de sa longue  histoire  et des valeurs fortes qu’il véhicule,  soit  inclus dans le  volet culturel d’une inscription au patrimoine mixte  naturel et culturel du massif du Mont Blanc et de ses vallées contigües,  fières du passé agricole et pastoral, puis touristique et alpin de ses  populations.  Cette intégration  enrichirait la candidature   du site et  serait  sans nul doute un moteur efficace pour réanimer  un dossier qui souffre de manière chronique  d’un manque de consensus entre les divers  échelons concernés, au plan local comme au plan étatique. L’instruction d’un seul dossier par les collectivités et les états aurait  plus de chances de succès.

Par ailleurs, même si leur territoire a été le théâtre de grands exploits montagnards,  il serait contraire à l’histoire  que les  deux seules communes française et italienne situées au pied du Mont Blanc s’approprient le label « alpinisme »  en  excluant  certaines  autres communautés concernées ou même certains pays, comme la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche, le Népal, etc..., qui ont vu s’écrire sur leurs  sommets des pages glorieuses  de l’aventure alpine. Peut-on légitimement  honorer l’alpinisme sans associer étroitement la Grande Bretagne ?

Les maires de nos communes sont des personnalités politiques. Ils raisonnent en termes de rééligibilité et de communication.  Ce nouveau label de l’Alpinisme, offert en pâture aux médias comme une idée neuve et séduisante,  leur permet de se dépêtrer d’un dossier d’inscription du site menacé d’enlisement.
La réponse de ProMont-Blanc, par une lettre aux maires et par un communiqué de presse, rappelle utilement que le Mont Blanc doit être protégé et que cela passe par une prise de responsabilité du territoire. La tâche est matérielle, et pas immatérielle...



Si vous désirez faire un commentaire. Cliquer sur "commentaires" ci dessous.

4 commentaires:

Michel Franco a dit…

Ce sont les chamoniards qu'il faut inscrire!!!!!

Bachelard Dany a dit…


Le classement du Mont-Blanc à du plomb dans l'aile avec la nouvelle qui vient de tomber....!?
Le spectre du percement d'un second tunnel devrait nous faire entrer en résistance TOUS ENSEMBLE contre ce projet fou.

Anonyme a dit…

c'est beau l'amour ....

Bachelard Dany a dit…



Effectivement dans la vie rien de plus beau que l'amour, dommage que ce soit anonyme.......pas très courageux!