lundi 1 août 2011

Plan Climat Energie Territorial : un pari difficile !

Article à paraitre dans le bulletin municipal d’août 2011
 Il n’y a pas eu foule aux diverses réunions publiques et ateliers organisés sur le sujet et les chamoniards, par leur faible participation, ont exprimé leur scepticisme ! Ils  savent bien qu’il  sera difficile  de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et de diminuer nos consommations d’énergie. Ils sont lucides !
Pourtant, la responsable de projet à la communauté de communes de la vallée de Chamonix n’a pas ménagé sa peine pour associer la population à la réflexion!

Tunnel du Mont-Blanc

La commune de Chamonix n’a aucun pouvoir pour réduire le trafic de poids-lourds au tunnel du Mont-Blanc, qui augmente régulièrement (+ 10% en 2010) et aggrave la pollution de la vallée, malgré l’action courageuse et persévérante de l’ARSMB. Ce flux continu obéit à des mécanismes  économiques européens dont la gestion nous échappe.

L’interdiction de circulation des poids lourds en cas de pic de pollution ou la nuit sont des mesures toujours attendues.

Activité touristique

Personne dans la vallée n’envisage sérieusement une réduction du flux touristique et de  son flot de voitures et de cars par une politique de promotion restrictive. Il est difficile d’imaginer que les commerçants,  les  hôteliers, les guides et moniteurs chamoniards voient  leur activité et leurs revenus diminuer du fait d’une baisse de fréquentation. Les socioprofessionnels de notre station ne sont pas volontaires  pour la décroissance...

En hiver, tant que nous aurons de la neige et du froid pour en fabriquer, nous resterons dans la politique du tout ski, avec tout ce que cela implique comme consommation d’énergie.

Déplacements

Les transports collectifs ne représentent qu’environ 10% des déplacements dans la vallée : 8% pour le bus, et 2% seulement pour le train ! Même si les derniers comptages indiquent une fréquentation un peu meilleure des bus, la part du collectif reste très modeste.

On sait que les déplacements internes dans la vallée constituent la plus grande part du trafic automobile.  Quand on habite aux Songenaz, aux Moussoux, aux Nants, au Lavancher ou dans beaucoup d’autres villages, où les bus ne passent pas,  il faut beaucoup de vertu et de civisme pour venir en ville à pied, en vélo ou en train. Il faut développer les lignes de bus.

Les voies cyclables promises lors des élections n’ont jamais vu le jour, et aujourd’hui rouler à vélo sur nos routes s’avère une entreprise hasardeuse et dangereuse. On fait des pistes de VTT en montagne, mais aucune piste pour les cyclistes en fond de vallée !

La rareté  des places de stationnement autour de nos gares est une dissuasion à la solution du  court trajet en voiture domicile-gare la plus proche.

Le train est une bonne solution... pour la minorité d’habitants qui habitent le long de l’axe ferroviaire.

Ne nous laissons pas griser par l’utopie du « Tram-Train » : pour 52 millions d’euros de travaux et de matériel  on ne va pas construire un tramway. On va seulement  doubler la cadence ferroviaire à raison d’un train toutes les demi-heures. Plus tard, il y aura peut-être un train toutes les 20 minutes. Le budget global des travaux s’élève à près de  100 millions d’euros... 

On ne peut pas être contre, mais c’est beaucoup dépenser pour un mode de transport peu attractif car il ne  dessert pas les remontées mécaniques.

Les seuls vrais gagnants seront les habitants de Vallorcine et de Servoz.

Il n’est pas prouvé que le doublement de capacité double le nombre de personnes transportées. La  circulation routière de la vallée restera toujours aussi intense, car elle augmente régulièrement (+ 2% par an). Le train ne pourra qu’absorber ce delta. Les émissions de gaz de voitures et de camions ne sont pas près de diminuer !

La nouvelle et sévère politique de stationnement à laquelle la municipalité réfléchit incitera-t-elle les chamoniards à utiliser plus régulièrement les transports collectifs ?

A plus long terme, un seul évènement permettra de réduire le trafic routier : l’inéluctable et conséquente augmentation prévisible du prix des carburants...

Habitat

Le seul domaine où les habitants peuvent avoir un impact sur les émissions et la consommation d’énergie est celui de l’habitat. Les émissions de gaz à effet de serre de ce secteur représentent 39% du total (38% pour le transport et 24% pour le tertiaire).

Les constructions nouvelles sont bien isolées et consomment moins pour leur chauffage. C’est encourageant. Pour le bâti existant, nombreux sont les immeubles et maisons particulières, publics ou privés, qui doivent entreprendre des travaux d’isolation. Le coût prohibitif (100 à 150 euros le m²), la faible prise en charge par l’Etat (25% de crédit d’impôt sur le matériel seulement, pas sur la pose), l’absence d’aide communale empêchent beaucoup de particuliers d’entreprendre les travaux. J’en connais beaucoup qui compensent l’augmentation de leur facture énergétique en se chauffant au bois, en réduisant le nombre de pièces chauffées, en passant de 21 à 19°, en mettant un pull supplémentaire... Mais dans notre pays froid, il faudra toujours chauffer. La diminution d’émissions de gaz et de poussières par nos cheminées ne sera que modeste...

Conclusion

La vallée de  Chamonix, de par son climat, parce qu’elle vit du tourisme, parce qu’elle est un axe international de trafic de marchandises,  aura du mal à relever le défi du Grenelle de l’environnement de moins 20% d’émissions de gaz à effet de serre et de moins 20% de réduction des consommations d’énergie. Heureusement que nous n’aurons pas les Jeux Olympiques, car notre bilan carbone, tant lors de la préparation que du déroulement, se serait encore aggravé ! Quant au plan d’action pour adapter le territoire aux changements climatiques, il est en est au stade de la réflexion...

Pouvons-nous répondre à la demande de + 20% de production d’énergie renouvelable ? Peut-être un jour chaufferons-nous les serres municipales des Tines à l’énergie solaire ? Peut-être bientôt installerons-nous une micro-centrale sur le torrent des Favrands ? Les habitants de la vallée accepteront-ils qu’on leur installe des  éoliennes au Col des Montets, comme les suisses en ont installé au Simplon ?
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1 commentaire:

Michel Franco a dit…

Merci Eric pour ces chiffres, affligeants.

Je résume:
les transports sur les routes, on ne peut pas y toucher.

Sur la voie ferrée, les chiffres sont éloquants, la direction défendue par Eric Fournier du tram train est elle la bonne? Je me pose la question. Par contre une solution de noria de petits véhicules électriques autonomes, circulants sur la future ex voie ferrée, reconditionnée en piste goudronnée ou bétonnée, apporterait une solution élégante: Pourquoi ne pas remplacer le tram train si couteux par une voie dédiée à ces petits véhicules, style rikshow électriques (pousse pousse ou triporteurs électriques) . On aurait là un axe vivant, existant, et qui feraient un joli pendant aux traineaux mégevands, et en plus toute l'année.

L'habitat: bien que mal encouragé, sauf dans les vœux pieux de feu le Grenelle, reste le seul domaine où on peut faire l'effort.
Des solutions existent à l'échelle de la vallée.
Chauffage par géothermie profonde ( tous ceux qui traversent le tunnel savent qu'il fait autour de 20° au milieu du tube, toute l'année. Un chauffage urbain avec des centrales géothermiques municipales distriburait l'énergie.
Le solaire thermique aussi peut être une solution malgré les masques importants de la chaine, qui apporterait son éco à la géothermie.

On peut diminuer par 5 la conso énergie des chauffages, avec une décision politique forte.
Pour le tertiaire: idem on peut réduire la conso chauffage.

Pour l'habitat et le tertiaire, on devra quand même faire face à une demande d'énergie électrique qui suivra l'augmentation de la fréquentation touristique.

Produire de l'énergie:
2 axes principaux à creuser: construire des petites centrales hydrauliques sur TOUTES les chutes inexploitées.
Installer du Photovoltaïque dans des champs d'altitude ( les écolos vont hurler ) mais les rendements sont extraordinaire, grâce aux températures moyennes basses et à l'ensoleillement exceptionnel en altitude.
Les éoliennes: pas assez de vent moyen dans la vallée. On a moins de 4 ms de moyenne au sommet de l'aiguille du Gouter! Pas assez d'un coté avec des rafales à plus de 60 m/s, technologiquement très couteux pour des faibles productions.

A suivre.

Michel Franco
Energissimo!