lundi 24 août 2015

A Argentière, une construction contestée derrière l’église : la loi le permet !




Dans une ruelle historique du vieux village, bordée de maisons anciennes, juste derrière l’église et contre le mur du cimetière, sur une parcelle restreinte, s’élève une imposante construction de béton, future maison d’habitation. Elle domine les tombes, notamment le monument funéraire  des guides au pied de la Verte, elle cache la vue du clocher, elle  dénature  l’aspect pittoresque  et authentique  de ce cœur du vieil Argentière. Les argentereaux sont outrés.
On sait que c’est un  habitant du village qui  a obtenu ce permis de construire.

Si l’église avait été classée, elle le méritait, comme sa sœur de Chamonix, cette catastrophe esthétique ne serait pas advenue. Dans son périmètre aucune construction nouvelle n'aurait pu être autorisée sans l’avis de l’architecte des bâtiments de France, avec des règles strictes. Mais elle n’est malheureusement pas classée, aucune démarche n’a été entreprise dans ce sens.

Si la procédure d’AVAP, Aire de mise en valeur  de l’Architecture et du Patrimoine, (ex ZPPAUP) avait été conduite à son terme par les deux dernières municipalités pour nos centre urbains, ce malheur ne serait pas arrivé. Mais les deux derniers maires  ne se sont pas préoccupés de faire aboutir cette mesure de protection de notre patrimoine pourtant expressément demandée en 2004 par le préfet de région. Si le centre du vieil Argentière avait été protégé par une AVAP,  la décision  de délivrer un permis de construire aurait été  assortie de "prescriptions particulières destinées à rendre le projet conforme aux prescriptions de l’aire". L’autorisation aurait été  soumise à la décision de l’Architecte  des Bâtiments de France.

Toutes les maisons de la ruelle sont inscrites au PLU sur la liste des contraintes et servitudes architecturales comme "immeubles à restaurer ou conserver dans leur enveloppe actuelle", donc reconnues comme ayant une réelle valeur patrimoniale.

Le règlement du PLU pour cette zone UV  de centre de  village  autorise de construire d’une limite séparative à l’autre.  Il n’y a plus de limitation de surface pour construire et le C.O.S. de cette zone, qui était de 0,60,  n’est plus  imposé, d’où l’importance du bâtiment.
Les services de l’urbanisme n’ont fait qu’appliquer la loi, et le maire Eric Fournier vient seulement de s’engager à refuser dorénavant ces demandes de permis de construire excessives.




 N.B.
Une aire de mise en valeur de l'architecture et du patrimoine (AVAP ou AMVAP) est, en droit de l'urbanisme français, une servitude d'utilité publique ayant pour objet de « promouvoir la mise en valeur du patrimoine bâti et des espaces »1. Les AVAP ont été instituées par la loi Grenelle II du 12 juillet 2010 en remplacement des zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP).



                                                                  L'église vers 1900

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mardi 11 août 2015

Chamonix, place de choix pour les hyperchalets ?



Des chalets de 600 voire 750 m² au sol, c’est ce qu’autorise désormais la loi ALUR. (pour l’Accès au Logement et un Urbanisme Rénové) promulguée le 24 mars 2014.
Les promoteurs de la vallée, bien au courant de cette nouvelle loi,  se sont empressés de déposer des demandes de permis de construire pour profiter de cette aubaine. Plus de C.O.S. (coefficient d’occupation du sol), plus de surface minimale imposée pour avoir le droit de construire (1 000 m² en zone UE, 800 m² en zone UD) ! Tous les espaces vides, petits ou grands,  deviennent constructibles sur la plus grande partie de leur surface!
Et l’on a déjà constaté que ces chalets XXL, avec piscine, spa, etc…,  ne sont occupés que deux à trois semaines par an.
Ils appartiennent à des  personnes très riches  venues de Russie, d’Ukraine, d’Europe ou d’Amérique.
Le Mont-Blanc attire toujours, de plus en plus même. Ces nouveaux propriétaires sont prêts à dépenser des fortunes pour posséder une résidence dans notre vallée magique, dans des conditions de très grand luxe. Quitte à la louer à prix d’or  s’ils ne l’occupent pas eux-mêmes. Les boutiques de luxe de Chamonix se frottent les mains!

Entre le 1er janvier et le 15 juillet 2015, 100 dossiers de demandes ont été déposés en mairie, contre 54 sur la même période de 2014. L’inflation est spectaculaire.

La loi ALUR se voulait vertueuse et il est vrai qu’en milieu urbain elle favorise la construction de nouveaux logements. Mais en milieu montagnard, dans nos stations, elle a un effet délétère car elle entraîne une surconsommation de l'espace, elle aggrave le mitage, et défigure le paysage de la vallée constitué jusqu’à ce jour de zones vertes séparant les constructions. De plus, elle favorise le surenchérissement du foncier, avec comme résultat une impossibilité pour les gens du pays d’acquérir des parcelles pour construire.

Heureusement, le maire réagit enfin, après plus d’un an, alors que beaucoup de mal est déjà fait.
Il est décidé désormais à refuser ces demandes de permis pour des constructions gigantesques, quitte à devoir être confronté à des recours devant les tribunaux. Il se réfère à la loi du Grenelle de l’environnement qui préconise une consommation maitrisée du foncier. Cette procédure d’urgence qu’il engage vient court-circuiter la procédure assez longue de révision en cours du P.L.U.
Eric Fournier s’appuie sur les autres maires de la communauté de communes, sur  ses collègues maires d’autres stations qui subissent la même pression foncière et sur les parlementaires dont il espère bien l’aide.


Souhaitons que ce nouveau P.L.U. rétablisse le C.O.S. et la surface minimale de construction. La révision de la Loi Montagne programmée pour cet automne apportera, nous l’espérons, de nouveaux arguments juridiques pour la défense de notre paysage.



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