mardi 14 juin 2011

ANNECY 2018 : deux sites olympiques en zone rouge d’avalanche

 Zone rouge d'avalanche sur le site de slalom des Planards à Chamonix

Comment fera-t-on face à un éventuel épisode avalancheux lors de  l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver en 2018, si Annecy était choisie à Durban le 6 juillet ? Le stade de slalom  des Planards  à Chamonix et  les tremplins de saut du Fernuy à La Clusaz sont en zone rouge d’avalanche  « réputée à risque fort » au Plan de Prévention des Risques d’Avalanches. 

Les maires de ces deux communes le savent. Mais on leur demande aussi de  mettre à disposition du COJO des installations sécurisées.  Comment peuvent-ils concilier ces deux exigences contradictoires?

On peut espérer que le Comité de candidature Annecy 2018 a fait correctement son travail d’expertise  et a interrogé les maires  et les services de l’Etat pour connaitre les risques avalancheux sur l’ensemble des sites proposés.  Le feu vert lui  a-t-il  été donné ?  Sans ce blanc-seing, les domaines proposés n’auraient pas pu être retenus. Peut-être les responsables  départementaux, comme les maires,  jouent-t-ils  sur la faible probabilité de l’évènement avalancheux. Mais on le sait, ce type de situation  météorologique a  une fâcheuse tendance à se produire justement quand il ne faut pas !

En conséquence, dans  le dossier de candidature qui a été transmis au CIO à Lausanne le 11 janvier 2011 par la ville d’Annecy, cette donnée  essentielle  ne figure pas. Les plans des sites fournis ne mentionnent pas les zones rouges. On peut donc supposer que  les membres du CIO ignorent ce problème de sécurité.  Pour preuve, ce grave inconvénient n’est pas mentionné dans le rapport de la Commission d’évaluation du CIO publié début  mai 2011. Il aurait du faire partie des points faibles  que la commission n’a pas manqué de relever pour chacune des  villes  candidates. 

Pour parler du site des Planards à Chamonix, qui est traversé de part en part par l’avalanche du Grépon (plan ci-dessus), le risque est indiscutable, quoique peu fréquent. Le maire est responsable de la sécurité sur le territoire de sa commune. Il n'est pas envisageable  pour lui d’engager  des athlètes et d’accueillir des milliers de spectateurs  s’il y a le moindre risque d’avalanche dans cette zone rouge. Ce n’est pas seulement une situation avalancheuse exceptionnelle qui imposerait la fermeture du site, mais simplement un risque à partir du niveau 3 (« quelques départs spontanés d’avalanches de taille moyenne et parfois assez grosse sont possibles... Des mesures de sécurité sont à recommander » selon la définition de l’échelle européenne des risques d’avalanches).  Donc l’occurrence d’un tel évènement en plein mois de février ne peut pas être écartée.

Quel est l’enjeu ?  D’être obligé de fermer le domaine pendant quelques jours, comme cela s’est déjà produit à plusieurs reprises dans le passé ?  La dernière fermeture remonte à 1999 (12 morts à Montroc). Fermer le stade de slalom olympique au moment même des Jeux aurait des conséquences  incalculables, ne serait-ce qu’ en termes d’image de la station. On serait obligé de rapatrier les slaloms  en catastrophe sur les pistes des Houches.  On imagine les difficultés majeures d’organisation auxquelles serait confronté le COJO. Sauf à prévoir la solution de repli dans l’organisation même des Jeux, proposition assez complexe.

Les conditions météo étant habituellement identiques sur la totalité du département, on peut considérer que les tremplins de La Clusaz seraient également fermés dans le même temps. Dans ce cas, où organiser les épreuves de saut à la dernière minute?  Mission impossible.

Autre solution,  les maires décident de sécuriser les sites par des installations paravalanches en amont ? Des Gazex  supplémentaires? Des rateliers ? Mais nul ne sait qui financerait ces travaux au coût considérable. Il est peu probable  que le département accepte de participer à des investissements pour 15 jours d’épreuves sportives, de plus non justifiés quand il n’y a pas d’habitat sur le trajet des avalanches.

De nombreux chamoniards se posent des questions. Ce risque d’avalanche  sur le site olympique n’a pas été évoqué  en conseil municipal ni en conseil communautaire lorsque la majorité des élus s'est prononcée en faveur des Jeux,  pas plus que lors de l’unique réunion publique d’information sur la candidature d’Annecy qui s’est tenue le 21 décembre 2010 au Majestic.

Si le CIO prenait  l’exacte mesure des risques avalancheux  sur  ces domaines de Chamonix et de La Clusaz, Annecy n’aurait pas la moindre chance d’être désignée.


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